Alors que la possibilité de l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir paraît chaque jour plus évidente, la question de l’intégration des enfants d’immigrés est au cœur du débat - politique d’immigration, islam, djihadisme, délinquance, et tout indique que cela va continuer jusqu’en 2027. Au centre de l’attention, les enfants d’immigrés, notamment ceux venus du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, présentés par la vox populi comme « inassimilables », « trop différents de nous », « si éloignés des précédents immigrés car musulmans et porteurs de la rancœur post-coloniale »…On en fait de « mauvais français », en pointant du doigt l’échec de l’intégration. Dans le même temps, paradoxalement, la politique d’intégration n’a jamais été aussi absente du débat et des politiques publiques.
Loin des polémiques, des postures et des injonctions, ce rapport cherche à donner à voir précisément où nous en sommes de l’intégration des immigrés et surtout de leurs enfants en s’appuyant sur des faits et des chiffres plutôt que des clichés et des faits divers. Il entend l’intégration comme la capacité d’un individu ou d’un groupe à trouver sa place au sein de la société française, tout autant que la capacité de cette dernière à leur accorder une place. L’intégration est un mouvement qui implique deux parties : ceux qui arrivent, ceux qui accueillent.
A partir d’un portrait général des enfants d’immigrés, détaillé ensuite selon les origines (grâce à plusieurs jeux de données quantitatives croisées avec une soixantaine d’entretiens approfondis auprès d’enfants d’immigrés), ce travail s’intéresse aux parcours des immigrés et de leurs enfants. Il vise à identifier tout ce qui peut permettre une intégration réussie, collectivement ou individuellement, afin de comprendre ce qui a pu fonctionner et comment les obstacles bien réels ont pu être contournés pour inspirer une vraie politique d’intégration en France.
TABLE DES MATIERES
Quelle place de l’immigration dans la démographie française ?
Les immigrés, leurs enfants et leurs petits-enfants représentent aujourd’hui un tiers de la population française, chaque catégorie représentant environ un dixième de la population. C’est dire la profondeur historique du phénomène et sa place dans la démographie du pays.
Qui sont les immigrés ? Sur 100 immigrés présents en France en 2018, 46 étaient d’origine africaine, Maghrébins compris, et 34 d’origine européenne. Sur 100 enfants d’immigrés, c’est respectivement 45 et 40. Il faut contredire les discours qui évoquent une transformation brusque et profonde de la population française au profit des personnes d’origine extra-européenne. Il y a bien évolution, mais sur le long terme : les flux de population révèlent des évolutions importantes ces dernières décennies, mais les stocks résistent au changement qui prennent beaucoup plus de temps. C’est bien là l’objet de ce rapport, étudier les trajectoires et transformations des groupes immigrés et de leurs enfants sur le temps long de l’intégration.
Où en est-on de l’intégration ?
L’intégration est un processus non linéaire, peut-être plus lent aujourd’hui que par le passé puisque les conditions d’accueil ont changé. Sa vitesse n’est pas non plus la même selon l’origine des immigrés. Quelques indicateurs permettent d’illustrer la position particulière des enfants d’immigrés dans la société française.
Les immigrés et leurs enfants dans leur ensemble sont plus pauvres que le reste de la population : leur taux de pauvreté s’établit autour de 30 %, contre 14,6 % en moyenne. Ils sont également moins bien intégrés sur le marché du travail et plus touchés par le chômage : 14 % d’entre eux (13 % pour les enfants d’immigrés) sont au chômage contre 7 % de la population active.
Par ailleurs, les perspectives d’ascension sociale sont moins importantes : les immigrés sont davantage ouvriers et employés (57 %) que la population majoritaire (48 %) et la reproduction sociale est forte chez les enfants (30 % des enfants d’immigrés dont le père est ouvrier deviennent ouvriers et 10 % deviennent cadres). Cependant, il existe des exemples qui ne sont pas isolés de forte ascension par rapport aux parents (44 % des enfants d’immigrés d’Asie du Sud Est sont cadres contre 20 % de leurs parents). Ces situations contrastées peuvent s’expliquer par le diplôme. Les enfants d’immigrés ont un niveau de diplôme similaire à la population majoritaire, avec une forte progression par rapport aux parents, et surtout pour les filles (84 % des filles diplômées ont un diplôme supérieur au brevet, contre 78 % des fils) mais ces diplômes ne sont pas toujours valorisés sur le marché du travail et les discriminations freinent les parcours d’ascension sociale.
D’une certaine façon, les fils et filles d’immigrés ont trouvé leur place dans la société française : en progression par rapport à leurs parents mais toujours éloignés de la population majoritaire. Ils restent contraints par les phénomènes de reproduction sociale, d’où la persistance d’inégalités. En revanche, sur tous les aspects, le processus d’intégration est a minima entamé pour les enfants d’immigrés, et est souvent très poussé. Or, ce tableau diffère fortement en fonction des origines, notamment entre les enfants d’immigrés européens et non-européens.
Origine par origine, le destin des enfants d’immigrés
Même si le destin des enfants d’immigrés n’est pas déterminé par la seule origine de leurs parents, et si de nombreux parcours divergents existent, force est de constater que de grandes tendances permettent de dessiner des portraits pour cinq origines (représentatives des vagues les plus récentes de l’immigration à partir des années 1960) en fonction de leurs dynamiques socio-économiques et culturelles internes.
Les personnes originaires d’Asie du Sud-Est représentent 1 % de la population. Ils se caractérisent par de fortes mobilités sociales intergénérationnelles et une « surperformance » scolaire et professionnelle des enfants par rapport à la population majoritaire. Cette caractéristique va de pair avec le rôle important de la communauté et de la famille, qui constitue clairement un atout dans les trajectoires et le processus d’intégration.
Le père de Yuan, un commerçant plutôt aisé dans son pays d’origine (Cambodge), est contraint de se reconvertir et de travailler dans la restauration à son arrivée en France. Cependant, il inculque à ses enfants une haute exigence vis-à-vis des résultats scolaires et du travail en général, insistant pour que ses enfants fassent des études supérieures – trois membres de la famille sont médecins et dentistes, tandis que Yuan est entrepreneur et travaille dans la finance.
Les personnes d’origine portugaise représentent 2 % de la population. Ils se démarquent par une forte reproduction sociale qui s’explique par l’importance des liens communautaires dans l’accès à l’emploi et la spécialisation dans certaines catégories professionnelles. L’école permet rarement l’ascension sociale pour les enfants d’immigrés portugais, qui ont en grande majorité intégré les classes populaires sans pour autant subir de manière prononcée la précarité, la communauté assurant une certaine stabilité économique. Le lien culturel avec le Portugal reste très fort.
Daniela est née en France de parents arrivés illégalement, qui travaillaient dans le gardiennage et le bâtiment. Elle est titulaire d’une licence et a enseigné l’anglais pendant de longues années au Portugal. Revenue en France après la crise de 2008 et pour suivre le père de son fils, Portugais de France patron dans le BTP, elle devient gardienne dans un immeuble grâce au bouche-à-oreille. Selon une forme de discrimination positive, les employeurs recherchent souvent des femmes d’origine portugaise, car celles-ci auraient fait leurs preuves.
Les personnes d’origine turque, 1 % de la population française, ont un profil pas si éloigné de celui des originaires du Portugal, notamment en raison du maintien des liens communautaires et du rôle du BTP dans leur destin professionnel. Le système communautaire est très fermé, en témoigne le taux d’exogamie (mariages mixtes) des filles d’immigrés, de 7 %, ce qui freine leur intégration. Paradoxalement, la communauté permet une forte stabilité sociale et économique, les réseaux d’entraide turcs permettant une l’insertion professionnelle des immigrés et de leurs enfants.
Ozan surveille étroitement ses trois filles pour que l’identité et les valeurs qu’il estime turques ne se perdent pas : « Il y a un effort à faire pour transmettre nos principes et nos croyances à nos enfants qui évoluent dans une société où les codes ne sont pas les mêmes. Certaines choses ne sont pas tolérées chez nous par exemple. On leur inculque et ensuite on leur fait confiance. […] Mes filles, je les emmène chaque année en Turquie. Je fais en sorte qu'elles ne soient pas distanciées par rapport au pays. Ici aussi, on leur explique certaines choses sur la culture française. On est entre deux cultures et je tiens à ce qu’elles héritent de ça. »
Les personnes d’origine subsaharienne représentent environ 3 % de la population française. Il faut distinguer les personnes originaires d’Afrique sahélienne (Mali, Sénégal, Niger) et des Comores d’un côté, et des pays bordant le golfe de Guinée et d’Afrique centrale de l’autre (notamment les deux Congo). La principale différence tient aux systèmes familiaux : dans le premier cas, le statut de la femme est très bas. Et les hommes souffrent souvent de déclassement social à leur arrivée en France. La conséquence, c’est la fragilisation des familles. A l’inverse l’immigration en provenance d’Afrique centrale est davantage qualifiée et malgré le déclassement à l’arrivée en France, le système familial résiste mieux, notamment par le niveau de diplôme plus élevé des femmes avant l’immigration qui a un impact important sur les trajectoires scolaires des enfants.
Assou est né en France de deux parents comoriens, il a grandi aux Comores avec sa mère qui est partie s’y installer sans le père lorsqu’il avait un mois. C’est lui-même qui, à huit ans, a souhaité revenir en France. Sa mère ne désirant pas revenir, elle l’a confié à sa nièce et au mari de cette dernière, qui ont élevé Assou comme leur fils. Il ne connait presque rien de son père. Assou témoigne aujourd’hui des difficultés qui ont été les siennes, notamment à l’école, lorsqu’il est arrivé en France sans sa mère, après avoir passé ses huit premières années aux Comores.
Auguste a été élevé par sa tante, détentrice d’un diplôme de marketing au Burundi mais ayant subi un déclassement en France : « Elle a toujours été très studieuse et m’a éduqué à l’africaine comme on dit. Les parents arrivent ici et sont très sévères avec leurs enfants pour qu’ils aillent le plus loin possible. Elle était très sévère avec moi, m’a recadré un nombre incalculable de fois, et sans ça, j’aurais été un vrai cancre à l’école. »
Les personnes d’origine maghrébine représentent aujourd’hui 6,6 % de la population française. Les trajectoires sont relativement similaires pour les enfants d’immigrés Algériens, Marocains et Tunisiens. Les données révèlent une situation socio-économique préoccupante pour une part importante des enfants d’immigrés maghrébins. 19 % d’entre eux sont au chômage, soit le taux le plus élevé parmi les enfants d’immigrés. Plus alarmant encore, le nombre de NEETS, c’est-à-dire la part des jeunes de 18 à 25 ans qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation, s’élève à près de 22 %, soit là aussi le taux le plus élevé, toutes origines confondues. Cette moyenne cache une disparité selon le sexe : 20 % pour les femmes et 25 % pour les hommes. La différence entre les filles et les fils d’immigrés est particulièrement importante, les filles étant plus diplômées et plus actives que leurs mères et leurs frères. Il n’existe pas d’organisation communautaire maghrébine en France avec les liens de solidarité économique et sociale que celle-ci pourrait apporter. Pourquoi ? Probablement parce que les Maghrébins ne sentent pas « à l’étranger » quand ils arrivent en France : le Français a été étudié à l’école, les liens sont anciens, les parents, voisins, amis, très nombreux. La culture française n’est pas étrangère aux immigrés maghrébins, notamment ceux arrivés dans les quarante dernières années.
Les Maghrébins sont parmi ceux qui manifestent le plus fort investissement pour la réussite scolaire et une forte croyance en la promesse républicaine méritocratique – c’est le groupe qui dépend également le plus des institutions sociales et étatiques pour assurer l’intégration, en l’absence de repères communautaires forts. Ils se marient souvent en dehors de la communauté d’origine, notamment les filles, malgré les interdits culturels et religieux.
Dans ce contexte, « l’entrée dans l’atmosphère » de l’intégration à la française est rude : à un faible encadrement communautaire s’ajoute la fragilisation des structures familiales (le statut de la femme est bas au Maghreb et les hommes sont souvent socialement déclassés du fait de leur précarité économique), qui impacte les enfants d’immigrés. Face à cette situation, les nouvelles générations cherchent souvent des repères identitaires dans lesquels l’islam joue un rôle de marqueur identitaire et compense une certaine perte de repères liée à l’acculturation paradoxalement très rapide à la société française.
Mourad, d’origine marocaine par son père et algérienne par sa mère, fait état de la différence d’opinion entre sa mère et lui. Il relaie les paroles de celle-ci : « Au début, nous les premières générations, on voulait vraiment être comme les Français, on voulait vraiment s’intégrer etc., on y croyait. » Plus de deux décennies après, Mourad revendique au contraire un désir tout autre, celui d’un repli exclusif. Malgré des séjours très peu nombreux dans le pays de ses parents, il se sent très proche de ses origines et aimerait à terme pouvoir quitter la France et retourner sur les terres de ses ancêtres ou dans tout autre pays musulman.
Quelles que soient les origines, les parcours d’intégration divergent ou se ressemblent selon plusieurs variables : le sentiment d’être à l’étranger en France ou non, le statut de la femme dans la famille, le parcours scolaire, l’adhésion à la culture et aux valeurs de la société française, les différences entre les parcours des garçons et des filles, l’exogamie, les discriminations subies, les progressions entre génération et le rôle structurant de la communauté.
L’étude des trajectoires par origines est fondamentale en ce qu’elle révèle le paradoxe de l’intégration, qui est le risque de désintégration : quand le processus est trop rapide, que la culture d’origine se perd et que la communauté n’encadre pas l’individu, le risque est grand qu’il perde ses repères et que le processus d’insertion dans la société française échoue. L’injonction « soyez comme nous » montre ses limites quand on voit que les processus qui fonctionnent sont ceux qui s’appuient sur l’encadrement des communautés d’origine et la socialisation qu’elles permettent.
Leçons de l’expérience : les obstacles à l’intégration
Le principal obstacle à l’intégration est la forte concentration des immigrés et de leurs enfants sur certains territoires. La part des immigrés dans la population est deux fois supérieure dans les QPV (quartiers prioritaires de la politique de la ville), à celle observée en France métropolitaine (19,9 % pour les immigrés et 12 % pour leurs enfants contre 9,2 %, pour la population majoritaire). S’ils peuvent y trouver un intérêt, cette concentration spontanée et parfois contrainte débouche aussi sur un ensemble de désavantages en les éloignant du reste de la société.
Conséquence de la concentration résidentielle, la concentration scolaire des enfants d’immigrés, qui influe considérablement sur leur devenir, dans un système où l’égalité des chances est un slogan, pas une réalité. La France se caractérise à l’échelle européenne par un des plus forts écarts de niveau scolaire entre les enfants d’immigrés et les autres, et cet écart augmente d’année en année selon les enquêtes PISA.
La structure familiale des enfants d’immigrés et les données anthropologiques peuvent également fortement influencer les parcours. Par exemple, les élèves issus de familles monoparentales, plus nombreuses chez les familles originaires d’Afrique centrale, et de familles nombreuses, notamment d’origine sahélienne, ont en moyenne des résultats scolaires beaucoup plus bas que les autres.
Enfin, le regard que porte le reste de la société sur les personnes immigrées et d’origine étrangère, qui peut se traduire par le racisme et les discriminations, constitue un obstacle majeur dans les trajectoires des enfants d’immigrés.
Ces obstacles traduisent les difficultés posées par l’absence de politique d’intégration, qui pour une minorité d’individus ne parvenant pas à les contourner mènent à l’échec du processus, et c’est toujours cette minorité visible qui est pointée du doigt, malgré les réussites individuelles et familiales qui doivent inspirer la politique publique.
Quels facteurs de réussite et quelles pistes d’action
pour la politique publique ?
Aujourd’hui, pour s’en sortir, les enfants d’immigrés doivent réussir à combler trois formes de distances qui tendent à les séparer du reste de la société :
Une distance sociale : liée à une forte précarité et aux inégalités, particulièrement sensibles dans les tournants majeurs de l’existence : réussite scolaire, accès à l’emploi, accès au logement ;
Une distance culturelle : les parents immigrés viennent de milieux plus conservateurs , plus religieux que la majorité de la société française, largement sécularisée et laïcisée depuis la fin des années 1960 ;
Une distance identitaire : l’appartenance de fait à la société française est contrebalancée par l’expérience des discriminations et est remise en cause par la propagande d’entrepreneurs identitaires, notamment islamistes.
Certains enfants d’immigrés parviennent tout de même à contourner ces obstacles et à faire leur chemin dans la société française. Ils sont plus nombreux qu’on le croit souvent mais difficiles à identifier : le succès de leur intégration les rend invisibles. Leurs témoignages permettent d’identifier des facteurs clés de réussite, qui sont des façons de lutter contre les obstacles présentés. Cette vision “par en bas”, à travers le regard des premiers concernés, doit servir d’inspiration à des politiques volontaristes “par en haut”.
Celles-ci doivent se donner deux objectifs majeurs : lutter contre la concentration des immigrés et enfants d’immigrés, résidentielles et scolaire ; puis les assurer d’un encadrement, familial, communautaire ou institutionnel.
Il faut souligner ici le rôle des « adultes-intégrateurs », ces enseignants, sportifs, et entraîneurs militants politiques ou associatifs, croyants engagés, médiateurs sociaux qui tissent au quotidien un fil dans la vie des deuxièmes générations d’enfants d’immigrés entre la famille d’origine et la société française. Leur rôle est essentiel mais la concentration de l’immigration d’une part, les mutations sociales de l’autre réduisent leur nombre.
Propositions :
Ces propositions découlent directement du travail de diagnostic, elles ne prétendent pas à elles seules résumer
toute la politique d’intégration qu’il faut mettre en œuvre.
Alors que le débat public se concentre sous l’influence de l’extrême-droite sur la question des flux d’immigration, nous pensons essentiel de mettre enfin en œuvre une politique destinée à favoriser l’intégration des enfants d’immigrés. Aucune politique publique n’existe.
Pour y arriver, il faut regarder la réalité en face, savoir qui sont ces « nouveaux Français », quelles sont leurs caractéristiques, quels sont leurs problèmes spécifiques, quelles leçons on doit tirer des trajectoires de leurs ainés. Pour y arriver, il faut utiliser les données statistiques que produisent régulièrement l’Insee, l’Ined et autres organismes publics.
Le débat sur les statistiques ethniques ne devrait pas exister puisque ces dernières existent. Le sujet, c’est leur exploitation ou pas pour construire une politique destinée à résoudre les problèmes identifiés.
Créer enfin une vraie politique d’intégration
Proposition n°1 : Mettre en œuvre une politique publique d’intégration à travers des moyens adaptés aux situations diverses des immigrés et de leurs enfants, dans les zones où ils sont concentrés.
Proposition n°2 : Avoir une image précise de la réalité en intégrant dans la statistique publique les données chiffrées sur les enfants d’immigrés et utiliser ces données pour la politique d’intégration.
Lutter contre la concentration spatiale des immigrés
et de leurs enfants
Proposition n°3 : Adopter une stratégie de déconcentration et de répartition dans la politique du logement par la définition d’un plafond maximal d’occupation des immigrés dans les logements sociaux, immigrés qui garderont évidemment leurs droits à occuper un logement social.
Proposition n°4 : Adopter une loi permettant de plafonner le logement social à 40 % dans les communes ayant déjà largement atteint les seuils fixés par la loi SRU. Une circulaire allant en ce sens a été adoptée en mai 2021, il faut désormais aller plus loin en inscrivant ce principe dans la loi.
Lutter contre la surconcentration scolaire par l’adoption
d’un plafond maximal d’enfants d’immigrés par classe et par la répartition et la mixité sociale au sein des écoles
Proposition n°5 : Définir un plafond maximal d’élèves immigrés et enfants d’immigrés dans les établissements scolaires REP et REP+, avec une obligation de scolariser dans d’autres établissements les élèves qui se situent en dehors de ce quota.
Proposition n°6 : Adopter des stratégies de répartition scolaire des élèves immigrés et enfants d’immigrés ainsi que des indicateurs permettant de piloter efficacement cette répartition.
Réinventer l’action sociale et l’encadrement
institutionnel et associatif
Proposition n°7 : Attirer dans les établissements scolaires concentrant les élèves immigrés et enfants d’immigrés les professeurs les plus expérimentés, par le déploiement d’une série d’incitations à l’installation et de nouvelles voies de recrutement.
Proposition n°8 : Augmenter le nombre d’adultes dans les espaces publics des quartiers pauvres (des médiateurs sociaux et culturels, gardiens d’immeubles ; encourager le militantisme politique, l’encadrement par le sport ; faciliter l’installation des enseignants dans les quartiers où ils travaillent).
Proposition n°9 : Rebâtir des associations d’éducation populaire qui œuvrent pour l’intérêt général dans les quartiers, avec un pilotage national, des moyens renforcés par la généralisation des contrats pluriannuels d’objectifs et la professionnalisation du modèle associatif. Cela signifie que ces associations seront soumises à des obligations de résultat et indicateurs de performance, et devront démontrer de capacités à diffuser des bonnes pratiques et à se déployer sur l’ensemble du territoire.
Proposition n°10 : Systématiser le mentorat à travers la mise en œuvre d’un contrat de solidarité nationale obligatoire entre des adultes en poste et des élèves des quartiers les plus difficiles. Ces adultes peuvent être des pairs également issus de ces quartiers et de l’immigration et témoignant de leurs réussites personnelles.
Promouvoir la diversité
Proposition n°11 : Mesurer la diversité des entreprises à l’échelle des branches professionnelles et inciter à la mise en place de l’index diversité et inclusion dans les organisations publiques et privées.
La politique d’intégration que ce rapport appelle de ces vœux ne doit pas oublier que de tous les témoignages et toutes les études réalisées, il ressort que l’origine a des effets importants sur les trajectoires individuelles, scolaires, professionnelles, culturelles. Ne pas prendre en compte l’origine dans la politique publique, c’est dans une certaine mesure ignorer les réalités vécues par les immigrés et leurs enfants. Un changement de regard sur l’intégration est nécessaire. Celle-ci n’a rien de magique ou d’automatique. Ce n’est pas qu’une question de désir, de part et d’autre ; il faut chaque fois pouvoir s’en donner les moyens. C’est ainsi que l’on inventera une réelle politique d’intégration à la française, que l’on rassurera ceux qui s’inquiètent et qu’on luttera efficacement contre l’extrême droite.
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